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Résumé

L'Inra s'est engagé, en 2000, dans un programme de création, par hybridation, de variétés possédant une résistance durable aux deux principales maladies fongiques de la vigne, le mildiou et à l'oïdium. Ce projet a abouti, en 2018, à l'inscription au catalogue officiel de quatre variétés dotées de deux gènes de résistance naturelle à chacune des maladies et dont la qualité des vins est d’un niveau équivalent à celui des cépages traditionnels. En permettant de réduire de façon drastique l'utilisation des produits phytosanitaires, Artaban, Floreal, Vidoc et Voltis ouvrent la voie à une viticulture performante plus respectueuse de l'environnement.

Contexte et enjeux

Deux contraintes majeures pèsent sur la viticulture de demain : l'obligation de réduire l'usage des pesticides et la nécessité d'adapter la production aux effets du changement climatique.

En effet, la vigne cultivée est très sensible aux maladies fongiques les plus menaçantes que sont le mildiou et l'oïdium. Sa protection est actuellement essentiellement assurée par lutte chimique, plaçant la viticulture au second rang sur le marché des produits phytosanitaires après les céréales. Malgré son efficacité pour limiter les pertes de récolte quantitatives et qualitatives, ce moyen de protection des plantes a des impacts directs ou indirects préjudiciables à l'environnement, au revenu des entreprises viticoles, à la santé des viticulteurs et des riverains des vignobles et, finalement, à l'image de marque de la viticulture.

Par ailleurs, il est établi que les changements climatiques induisent un développement de la vigne de plus en plus précoce partout en France et il n'y a actuellement aucun argument en faveur d'un arrêt de cette évolution. Il en résulte une maturation des raisins durant les périodes estivales les plus chaudes, entrainant une perte d’acidité des raisins à la récolte et une modification de leur composition aromatique impactant la qualité des vins.

La création de nouvelles variétés de vigne intégrant une résistance aux maladies fongiques et permettant une adaptation aux nouvelles contraintes climatiques constitue une voie majeure pour répondre aux enjeux d’une viticulture durable et plus respectueuse de l’environnement qui préserve la qualité de ses produits et assure sa rentabilité.

Résultats

Alors que les variétés traditionnelles de vigne d’origine européenne (Vitis vinifera) sont sensibles au mildiou et à l'oïdium, certaines espèces sauvages apparentées à la vigne cultivée, d’origine américaine ou asiatique, présentent une résistance naturelle au mildiou et à l’oïdium. Ces espèces constituent ainsi un réservoir de gènes de résistance que l’on peut introduire par croisement pour rendre la vigne cultivée résistante aux bio-agresseurs. Pour permettre  l'adaptation aux contraintes climatiques, on dispose par ailleurs d’une très grande diversité de variétés de vigne cultivée présentant des différences exploitables pour chacun des stades phénologiques majeurs : le débourrement, la floraison, la véraison ou début de maturation des raisins.

La combinaison des caractères d’intérêt provenant de ces deux groupes de vignes, sauvages et cultivées, est réalisée par plusieurs cycles de croisement et de sélection successifs.

Les quatre nouvelles variétés résultent de croisements entre, d’une part, des géniteurs Inra et, d’autre part, deux obtentions d’un institut allemand partenaire, le Julius Kuhn Institut. Les parents, tous deux résistants, ont été choisis pour leurs caractères qualitatifs et pour leurs origines de résistance différentes. Cette stratégie de croisements, propre au programme Inra-ResDur, a permis d'associer deux gènes de résistance au mildiou et deux gènes de résistance à l'oïdium. Les nouvelles variétés sont ainsi dotées de résistances polygéniques, gage de durabilité.

Pour augmenter la vitesse et la précision de la sélection, chaque gène de résistance identifié dans l’espèce sauvage a été spécifiquement associé à des marqueurs moléculaires. Ces gènes peuvent ainsi être suivis dans les descendances, et seules les plantules présentant les marqueurs, donc les gènes recherchés, ont été sélectionnées (sélection assistée par marqueurs). Deux étapes de sélection au vignoble, de six ans chacune, ont ensuite permis d’expérimenter les descendants retenus pour mesurer leur résistance aux maladies ainsi que leurs performances culturales et œnologiques.

Le croisement ResDur1 a permis l’inscription de Artaban, Floreal, Vidoc et Voltis, sélectionnés parmi une population qui comptait au départ près de 2000 pépins, dont 12 descendants avaient été retenus pour la dernière étape de sélection au vignoble.

Les quatre variétés Artaban, Floreal, Vidoc et Voltis présentent une résistance totale à l'oïdium et élevée au mildiou. Selon la pression de maladie, un nombre réduit de traitements anti-fongique complémentaires peut être préconisé, conduisant à une économie moyenne de fongicides comprise entre 80% et 90%. La précocité des nouvelles variétés et leur productivité, qui s'échelonne entre celles du Chardonnay et du Grenache, conviennent à de nombreuses régions viticoles françaises. La qualité organoleptique des vins produits est jugée comparable aux cépages témoins, avec des profils bien tranchés entre Artaban et Vidoc (vin rouge) et entre Floreal et Voltis (vin blanc).

Perspectives

Deux nouvelles séries de variétés vont être présentées à l'inscription par l'Inra en 2021 et en 2024. Au final, la filière devrait pouvoir disposer d'une gamme diversifiée d'une vingtaine de variétés résistantes et produisant des vins de qualité, ce qui constituera une offre suffisante pour répondre aux besoins des grands bassins viticoles français.

Des programmes de création de variétés à typicité régionale sont lancés avec les interprofessions viticoles de toutes les régions françaises.

Valorisation

La commercialisation des variétés Inra-ResDur1 est assuré par l’IFV, partenaire de l'Inra pour le déploiement des nouvelles variétés.

Références bibliographiques

Catalogue officiel des variétés de vigne.